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Dans ma maison de papier, j'ai des poèmes sur le feu

de Philippe Dorin
mis en scène par Ji Su Jeong
Création 2021

En mars 2016, j’étais encore étudiante à l’école de Bordeaux lorsque j’ai rencontré l’auteur Philippe Dorin. Il était venu lire sa dernière pièce  au Théâtre des Quatre saisons à Gradignan. Pour reconstituer son bureau, les extraits de texte soigneusement écrits à la main sur des papiers translucides y étaient posés. Page par page, il les lisait puis fabriquait des coupes avec ces mêmes papiers. A la fin de sa lecture, je me rappelle tout particulièrement l’invitation à son univers avec un toast, comme un acte poétique au théâtre de l’imaginaire. Le théâtre jeunesse s’est ouvert à mes yeux à partir de là comme un nouveau monde. 

 

“L’heure c’est l’heure” 

En Corée du sud, les quarante neuf jours après la mort sont considérés comme la période la plus importante pour préparer la suite du défunt - la réincarnation. Pour la famille, pas d’alcool ni de vêtements de couleur durant cette période. Chaque membre de la famille adresse quotidiennement une prière au défunt. Une pensée qui pourra aider l’être à se réincarner. Cette continuité me plaît, elle ne considère pas la mort comme un point final. 

Mais la mort est toujours brutale. Elle ne prévient pas et arrive toujours au mauvais moment. La mort dans mon entourage me bouleverse, encore aujourd’hui mon corps se souvient. Il dépeint tous les détails infimes ; la météo de ce jour, le bruit du couloir, l’odeur de l’encens… Ces détails surgissent à des moments inattendus et je retourne dans mon souvenir auprès de la personne. C’est un aller retour sans fin.

C’est pourquoi je voudrais parler de la mort et sa suite. Avec Dans ma maison de papier, j’ai des poèmes sur le feu, la mort sous-tend toute la pièce : le Promeneur erre pour annoncer la mort, et pour gagner du temps la Petite Fille et la Vieille Dame se lient par le lien de l’imaginaire et ne céderont pas à la mort. Au contraire, toutes deux vont défier le temps et la mort pour se trouver dans un monde à elles seules, aussi éphémère que le feu d’une allumette. 

La pièce démarre dans une chambre, où la Petite Fille se trouve seule. Pas de parents s’occupant d’elle, la Petite construit sa maison en présence de son petit frère fantôme. Puis, le temps passe, deux secondes après, elle devient la Vieille Dame, sous la forme d’une marionnette. Quand la Vieille Dame meurt, elle confie au Promeneur de s’occuper de la Petite fille et de lui construire un foyer.

Ici avec les deux marionnettes, les comédiens et le percussionniste racontent ensemble le voyage de la Petite Fille et de la Vieille Dame vers l’acceptation de la mort. 

Le choix de la percussion dans cette pièce est l’étincelle entre la fiction et le réel. Telle la friction d’une allumette comme il est fait référence dans le conte d’Anderson.

 

Ji Su Jeong 

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